Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Tout est affaire de décor Changer de lit changer de
corps A quoi bon puisque c'est encore Moi qui moi-même me trahis Moi
qui me traîne et m'éparpille Et mon ombre se déshabille Dans les bras
semblables des filles Où j'ai cru trouver un
pays.
Cœur léger cœur changeant cœur lourd Le temps de rêver est
bien court Que faut-il faire de mes jours Que faut-il faire de mes
nuits Je n'avais amour ni demeure Nulle part où je vive ou meure Je
passais comme la rumeur Je
m'endormais comme le bruit.
Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs baisers au loin les suivent.
C'était un temps déraisonnable On avait mis les morts à
table On faisait des châteaux de sable On prenait les loups pour des
chiens Tout changeait de pôle et d'épaule La pièce était-elle ou non
drôle Moi si j'y tenais mal mon rôle C'était de n'y comprendre rien
Dans le quartier Hohenzollern Entre la Sarre et les
casernes Comme les fleurs de la luzerne Fleurissaient les seins de
Lola Elle avait un cœur d'hirondelle Sur le canapé du bordel Je venais
m'allonger près d'elle Dans les hoquets du pianola.
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