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SURPRISE
Je méditais ; soudain le jardin se révèle Et frappe d'un
seul jet mon ardente prunelle. Je le regarde avec un plaisir éclaté
; Rire, fraîcheur, candeur, idylle de l'été !
Tout m'émeut, tout me plait,
une extase me noie, J'avance et je m'arrête ; Il semble que la joie Etait
sur cet arbuste et saute dans mon cœur ! Je suis pleine d'élan, d'amour, de bonne
odeur,
Et l'azur à mon corps mêle si bien sa trame Qu'il semble
brusquement, à mon regard surpris, Que ce n'est pas ce pré, mais mon œil qui
fleurit Et que, si je voulais, sous ma paupière close Je pourrais voir encor
le soleil et la rose.
Anna de NOAILLES (1876-1933)
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