J'entends,
J'entends
J'en ai tant vu qui s'en allèrent Ils ne demandaient que du
feu Ils se contentaient de si peu Ils avaient si peu de
colère
J'entends leurs pas j'entends leurs voix Qui disent des
choses banales Comme on en lit sur le journal Comme on en dit le soir chez
soi
Ce qu'on fait de vous hommes femmes O pierre tendre tôt
usée Et vos apparences brisées Vous regarder m'arrache
l'âme
Les choses vont comme elles vont De temps en temps la terre
tremble Le malheur au malheur ressemble Il est profond profond
profond
Vous voudriez au ciel bleu croire Je le connais ce
sentiment J'y crois aussi moi par moments Comme l'alouette au
miroir
J'y crois parfois je vous l'avoue A n'en pas croire mes
oreilles Ah je suis bien votre pareil Ah je suis bien pareil à
vous
A vous comme les grains de sable Comme le sang toujours
versé Comme les doigts toujours blessés Ah je suis bien votre
semblable
J'aurais tant voulu vous aider Vous qui semblez autres
moi-même Mais les mots qu'au vent noir je sème Qui sait si vous les
entendez
Tout se perd et rien ne vous touche Ni mes paroles ni mes
mains Et vous passez votre chemin Sans savoir que ce que dit ma
bouche
Votre enfer est pourtant le mien Nous vivons sous le même
règne Et lorsque vous saignez je saigne Et je meurs dans vos mêmes
liens
Quelle heure est-il quel temps fait-il J'aurais tant aimé
cependant Gagner pour vous pour moi perdant Avoir été peut-être
utile
C'est un rêve modeste et fou Il aurait mieux valu le
taire Vous me mettrez avec en terre Comme une étoile au fond d'un
trou
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