L'ETE
 
 
La folle transhumance éparpille sur les routes
L'exode hétéroclite des peuplades Juillet-Aout.
Des corps à demi nus sur le sable qui sommeillent
Se retournent comme mus par l'horloge du soleil
Robots obéissants à un rite satanique
De leurs peaux ils font don à Hélios Dieu sadique
L'épiderme d'airain porté comme un tampon
Atteste l'appartenance à la tribu des paons.
Les enfants sont les princes du royaume des plages
Le sable, les rochers, trous d'eau et coquillages
Les transportent par magie dans un monde merveilleux
Plus loin les vagues luttent pour défendre la grande bleue.
Le soir les corps fiévreux enivrés de langueur
Célèbrent des messes frivoles baptisées de moiteur
Des bouches juvéniles découvrent des caresses
Que des gestes fragiles gâchent par maladresses
L'empreinte des serments jurant fidélité
Est gommée sur le sable par l'eau de la marée
Des pensées polissonnes débarquent sur les quais
Des quartiers les plus sages qui se croyaient en paix.

Plus loin mais à coté, semblables aux regards
Comme eux des vacanciers qu'un océan sépare
De paisibles promeneurs remplissent leurs sacs à dos
Du spectacle d'une fleur, du murmure d'un ruisseau
Ceux-là savent déguster sans en perdre une miette
Le vol lent d'un rapace, la grâce d'une pâquerette
Ils s'abreuvent les sens des senteurs des campagnes
Trinquent à grandes bolées aux beautés des montagnes
La nuit ils redécouvrent rien qu'en levant les yeux
Le chapiteau du monde brillant de mille feux
De côtoyer le beau ils redeviennent bons
Mesurent le petit et l'infiniment grand
Ils s'émerveillent d'un rien réapprennent l'enfance
Sont habillés de neuf quand finissent les vacances.
 
 
      retour haut de page                                                            retour menu poésie perso                                                     retour accueil