LE
LAIT
Installe-toi et fait silence. Un pan de ma petite
enfance Me revient, me remonte. Patience. A
la mémoire.
Le but, la ferme du cousin. Le pot de métal blanc en
main J'allais affronter les chemins, Le soir.
Avec pour seule arme une lampe. Je m'engouffrais dans la
tourmente La peur me taraudait le ventre Du noir.
Entre les deux talus de pierre. Mon pied s'enfonçait dans
l'ornière Creusée par les cercles de fer Des chars.
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Les arbres fantômes suivaient mes
pas. Poussés par un vent fou et las Ils agitaient très fort les bras De
désespoir.
Les bruits épouvantaient le gosse.
Aboiements, cris de bêtes féroces, Les sifflements contre l'écorce Des
arbres.
Le phare jaune dans la tempête. De
la ferme où toutes les têtes Accueillaient le héros en
fête. Espoir.
Les mêmes fantômes pesants et
lourds. M'attendaient, là, cachés autour Du long chemin de mon retour Pour
voir.
Si ma peur je surmonterais.
Triomphant et dans les délais Je livrerais le précieux
lait Victoire.
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