VANITES
Une médaille d'or aux J.O. Et tu ne dis même pas bravo
Moi, j'étais avec mon bébé Toujours présente à ses cotés La seule
médaille qui me ravit Est sa frimousse qui me
sourit.
Vainqueur détaché de l'étape Et on dirait que tu t'en
tapes Moi, je tente de calmer le jeu Que ma banlieue ne prenne
feu Insultes, quolibets, c'est ma vie Ici, ni bravo, ni merci
Champion du monde au Stade de France Explique-moi ton
indifférence Moi, je lave la crasse, la pisse Des pensionnaires de
l'hospice Malgré l'odeur, je ris, je chante Pour rendre la vie moins
méchante.
L'homme le plus riche de la planète Et tu n'inclines pas la
tête Moi, je partage la souffrance Des oubliés de la croissance Au bout
d'un banc, dans un carton Je bois au goulot des
litrons.
Je fais la une des magazines Tu n'as pour moi aucune
estime Moi, je prêche dans le désert Des égoïstes de la terre Avec
pour bâton, un message : Amour, tolérance et
partage.
Sur ma veste la légion d'honneur Tu ne partages pas mon bonheur
Moi, j'étais le ciment tranquille D'une grande famille
d'imbéciles Dès lors que j'ai franchi le seuil Qui mène de la vie au
deuil Ces idiots se sont déchirés Pour quelques sous à
partager.
Couronné par le prix Goncourt Aucun compliment à ce jour
Moi, c'est tous les jours un exploit Quand je remue le petit
doigt Mais à l'hôpital, sur mon lit Je m'invente des
poésies.
Palme d'or pour mon film à Cannes J'entends d'ici que tu
ricanes Moi, je traque dans la nature D'intenses moments d'émotions
pures Pour que derrière les écrans S'allume le regard des
enfants.
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