Un être en marche…
 

Il fait soleil. Elle s'en va, la pension
De jeunes filles.

Elle repousse les murailles, comme l'on
Se déshabille.
 
Elle glisse, en longeant la cour, vers le perron
Et vers la grille ;

Le gravier du chemin fait un bruit de garçons
Qui jouent aux billes.
 
Le corps, en descendant les marches, deux à deux
S'élèvent et s'abaissent

Comme les flammes qui défaillent sous les nœuds
Des souches trop épaisses.
 
Les plus petites filles marchent en avant
Pour attendrir l'espace ;

La pension caresse, avec leurs pieds d'enfants,
La rue où elle passe.
 
Elle grandit, d'un rang à l'autre, sans surprise
Comme une rive en fleurs ;

Elle est comme un théâtre où se seraient assises
Des couleurs.
 
Elle est pareille aux toits qui rapprochent du ciel
Leurs tuiles alignées

Et qui aiment mêler des ailes d'hirondelles
Au vol de leurs fumées.
 
Les bras aux poignets nus qui tiennent des ombrelles
Et rament en cadence,

Font rêver aux maisons que de l'eau coule entre elles
Et qu'une barque s'y avance.
 
Jules ROMAIN
 
 
 
 
 
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