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La nuit
venue
la plage la
nuit venue devant elle longue infinie le sable
froid sous ses pieds nus les grains chacun juste
effleuré retenu la lune au dessus blême un ruban pâle
sur l'eau tremble le friselis des vagues l'ourlet de
l'écume le vent doux à peine
sa peau la nuit
venue boit l'air sombre s'oublie la chair
frémit son regard au loin derrière la dune et rien ne
vient à sa rencontre
la mer soupire de grands rochers
noirs attirent le lacet charnu des algues la valve des
mollusques l'eau contemple le ciel bleu d'ombres
ses yeux la lune venue démêlent les nuages ses cils
embarquent un rêve doux à peine
le silence
partout assis elle marche le
bord
du rivage
dessine un liseré de coquillages un oiseau dort sur la
vague le ventre dans le sel l'oeil voilé ses ailes
ramassées
elle marche la mer à sa gauche la grande mort
salée elle marche infiniment c'est ainsi que l'on vit
droit devant quand son esprit divague elle parle à ses
pieds avance sur la terre obstinée de soir en
matin l'heure transfigurée le visage levé l'horizon
couché dans la lumière annoncée elle marche et c'est
demain dans sa nuque le vent enroule à peine le souffle
en écharpe serrée dans les reins la
poussée
à bout là la marée monte à
genoux
elle marche
la voûte est à
l'étoile les grands fonds brassés avalent les bouches de longs
poissons aux branchies ajourées aux écailles miroitantes
ils nagent elle avance
dans l'eau douce de son
corps le coeur d'eau rouge échoué
ébloui
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