Matin qui chaque jour t'élances, te
fiances,
Libéré de la nuit et de ses
méfiances,
Tu touches chaque objet pour la
première fois
Et te penches pour voir s'il est
comme il se doit!
Chacun se croit choisi par toi,
celui-là même
Sur le bord de mourir apprend comme
on l'aime
Matin qui nais en nous aussi bien
que sur nous
Et toujours plus léger que la brise
à la branche,
Tu te noues seulement comme l'on se
dénoue,
Tu pèses à rebours comme une
délivrance.
Oh nature, que faisons d'un jour
d'été,
D'une aube sans nuage et d'un mont
dilaté,
D'un cèdre résumant la nuit même en
plein jour,
Puisque l'homme ne voit rien de ce
qui l'entoure.
Sous tant d'aveuglementt le paysage
meurt,
Se dessèche tout seul, de soi-même
prend peur,
Le duvet des matins à tout jamais
s'envole,
Le parfum n'ose plus s'évader des
corolles,
Même quand le soleil le précède et
le suit
L'homme montre un visage alourdi
par la nuit.
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