Dans l'oubli de mon corps
 
Dans l'oubli de mon corps
Et de tout ce qu'il touche
Je me souvviens de vous,
Dans l'effort d'un palmier
Près de mers étrangères
Malgré tant de distances
Voici que je découvre
Tout ce qui faisait vous.
Et puis je vous oublie
Le plus fort que je peux
Je vous montre comment
Faire en moi pour mourir.
Et je ferme les yeux
Pour vous voir revenir
Du plus loin de moi-même
Où vous avez failli
Solitaire périr
 
 
 
 
 
 
L'espérance
 
 
 
Dans l'obscurité pressentir la joie,
Savoir susciter la fraîcheur des roses
Leur jeune parfum qui vient sous vos doigts
Comme une douceur cherche un autre corps.
Le coeur précédé d'antennes agiles,
Avancer en soi, et grâce à quels yeux,
Eclairer ceci, déceler celà,
Rien qu'en approchant des mains lumineuses.
Mais dans quel jardin erre-t-on ainsi
Qui ne serait clos que par la pensée?
Ah pensons tout bas, n'effarouchons rien,
Je sens que se forme un secret soleil.
 
 
 
 
 
 
 
 
La mer secrète
 
 
 
Quand nul ne la regarde,
La mer n'est plus la mer,
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit.
Elle a d'autres poissons,
D'autres vagues aussi.
C'est la mer pour la mer
Et pour ceux qui en rêvent
Comme je fais ici.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Matin qui chaque jour t'élances, te fiances,
Libéré de la nuit et de ses méfiances,
Tu touches chaque objet pour la première fois
Et te penches pour voir s'il est comme il se doit!
Chacun se croit choisi par toi, celui-là même
Sur le bord de mourir apprend comme on l'aime
Matin qui nais en nous aussi bien que sur nous
Et toujours plus léger que la brise à la branche,
Tu te noues seulement comme l'on se dénoue,
Tu pèses à rebours comme une délivrance.
 
 
 
 
Oh nature, que faisons d'un jour d'été,
D'une aube sans nuage et d'un mont dilaté,
D'un cèdre résumant la nuit même en plein jour,
Puisque l'homme ne voit rien de ce qui l'entoure.
Sous tant d'aveuglementt le paysage meurt,
Se dessèche tout seul, de soi-même prend peur,
Le duvet des matins à tout jamais s'envole,
Le parfum n'ose plus s'évader des corolles,
Même quand le soleil le précède et le suit
L'homme montre un visage alourdi par la nuit.