La compagnie

de Robert LITTELL
 
 
 
  En 1950, en pleine guerre froide. La CIA à l'ouest, le KGB à l'est, s'espionnent de part et d'autre.
   De jeunes diplômés de Yale et un jeune juriste de New York sont recrutés par la 'compagnie' plus connu sous le nom de C.I.A . Après une formation ardue ils sont envoyés sur le terrain.
  Jack McAuliffe se retrouve à Berlin, chargé de découvrir les raisons de l'échec du transfert d'un espion russe. La mission d'Ebby est d'infiltrer l'Europe de l'est pour affaiblir et renverser le communisme, l'ennemi déclaré de l'Amérique. Ils sont sous les ordres de Torriti, appelé le sorcier, alcoolique notoire mais un as dans son domaine.
  A Washington, Léo collecte et synthétise des informations secrètes pour le président en place à la maison blanche.
 Evgueni est un Russe infiltré, il a fait ses études à Yale et partageait un appartement avec Jack et Léo. C'est un agent du KGB.
 Entre agents doubles et traîtres déclarés, On suit les agissements de personnages de fiction et personnages réels (Kennedy, Castro, Elstine, Poutine…) sur presque un demi-siècle, passant avec eux, au gré des chapitres, de Berlin à Moscou, Francfort, Washington, Vienne, Budapest, Rome, La Havane. Une plongée au cœur de la guerre froide, en compagnie des espions, qui donne des clés pour comprendre la raison  des chars soviétiques à Budapest, de l'invasion ratée de la baie des cochons, de l'implication américaine en Afghanistan comme au Vietnam, l'assassinat du pape Jean-Paul 1er, le complot contre Gorbatchev…
  Tout est bon pour la victoire de son camp, le bien, et la défaite de celui d'en face, le mal. Qu'importe la méthode employée, les moyens utilisés et les impitoyables sacrifices infligés.

 Un mélange de faux et du vrai, cette histoire très documentée sur la face cachée de l'espionnage. Un pavé de 1200 pages, cette fiction,  qui s'intéresse à la guerre froide, aux grands conflits mondiaux qui en ont découlé. L'auteur a rajouté, en toile de fond, une intrigue passionnante : qui est la taupe russe (nom de code SACHA) infiltrée au plus haut niveau de la hiérarchie de la CIA?
   Entre manipulation, infiltration, désinformation, reniements aux plus hauts niveaux des états puissants… rien n'est simple dans le monde trouble de l'espionnage. 

 Un peu de patience est recommandée au lecteur avant de bien situer les enjeux et cerner les nombreux et complexes personnages bravant le danger pour une cause qu'ils croient justes. Le plaisir se fait attendre mais n'en est que plus intense.
A l'arrivée un bon roman (pas seulement d'espionnage), sans concessions, remarquablement orchestré et documenté qui aide à comprendre les agitations et tensions actuelles autour de l'ex URSS.
 
 
 
 
 
Robert LITTELL
 
  Né en 1935 à New York, Robert Littell partage sa vie entre sa ferme du Lot et la périphérie new-yorkaise.
 En 1964, après une brève carrière militaire, il devient grand reporter. Trois ans plus tard, ses articles sur la guerre des Six-Jours sont considérés comme les meilleurs de la presse américaine. Mais ce journaliste, qui cite Fitzgerald et Swift, rêve d'écrire des "romans vrais" sur la guerre froide, dont il couvre les grands moments. Découvert par Marcel Duhamel, patron mythique de la Série noire au début des années 1970, il est l'auteur d'une douzaine de best-sellers ainsi que de surprenantes Conversations avec Shimon Peres.
 
 
 
 
 
 
 
Extraits :
 
 
   Distrait par la plainte d'une sirène de police qui, du dehors, atteignit son oreille valide, M Andrews s'approcha de la fenêtre et contempla la circulation de la route 95 à travers son reflet. Le bruit parut le transporter en d'autres temps et autres lieux, et il dut faire un effort visible pour sortir de sa rêverie inquiète. " Nous avons essayé de vous faire rentrer dans le crâne ce que les gens qui nous emploient se plaisent à appeler les bases du métier, déclara-t-il en se retournant vers les étudiants. Les boîtes aux lettres, les agents coupe-circuit, les techniques d'écriture à l'encre sympathique, l'utilisation d'appareils photos miniatures à microfilms, comment mener quelqu'un, planter des micros - vous êtes tous rodés maintenant à ce genre de choses. Nous avons essayés de vous enseigner les pratiques du KGB - comment ils envoient de beaux jeunes gens pour séduire les…
 
 
   Les talents de Pacha s'étaient en effet exprimés autrement, même s'il n'y avait pas trois personnes dans toute l'Union soviétique - dans le monde entier - qui comprissent vraiment ce qu'il orchestrait.
 Ce qu'il orchestrait, c'était la destruction de la Central Intelligence Agency américaine depuis l'intérieur...
 
 
  Du coin de l'œil, Elby entrevit Elisabeth recroquevillée  dans une position tourmentée sur le canapé, les jambes repliées sous elle, un bras passé par-dessus le dossier du canapé. Il sentit qu'elle le regardait. " Personne, dans le camp américain, ne doute de votre détermination à vous débarrasser de la dictature stalinienne, assura-t-il. Mais vous devez, selon nous, placer les réalités devant le romantisme. Les réalités sont brutales et parlent d'elles-mêmes. Deux unités de chars soviétiques, attendent à une soixantaine de kilomètres de Budapest ; ils pourraient être dans la capitale en une heure…
 
 
  Sans cesser de nettoyer ses verres de lunettes avec le bout de sa cravate, Bissel acquiesça. " C'est l'idée générale, Monsieur le Président. "
  Kennedy, dont les yeux plissaient aux coins sous la tension, secoua lentement la tête, le front creusé par la concentration : " ça ne prendra pas, Dick. Peut-être - espérons le - que vos seize avions pourront infliger pour seize avions de dommages à l'aviation de Castro…

 

 

       

 

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