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La nuit des
princes charmants
de Michel
TREMBLAY
Amateur
d'opéra, Jean-Marc, 18 ans, a beau fréquenter les parcs publics pour des
rencontres furtives, il est toujours seul homosexuel de son groupe, et surtout
puceau. L'hiver étant peu propice aux " célébrations bucoliques à la
belle étoile ", il décide de jeter sa gourme à l'occasion d'une sortie à l'opéra
sans ses parents. Il lui faut d'abord obtenir l'argent de sa mère, puis réserver
sa place, et déjà repérer une proie parmi les aficionados qui réservent pour
cette soirée unique consacrée à… Roméo et Juliette de Charles Gounod.
Le grand soir arrive, qui va constituer tout le roman puisque le narrateur va
rebondir d'Opéra en boîte, de boîte en bar, de bar en hôtel et d'hôtel en
restaurant, avant de rentrer - triomphant ou défait ? - au domicile familial,
affronter sa mère au lendemain de ce premier découchage. Après
avoir assisté à cet opéra tant attendu mais qui se révèlera pourtant aussi
désolant que médiocre et où le héros se sent en décalage avec un public
bourgeois venu se montrer, il rencontrera François Villeneuve, chansonnier de
talent en qui il voit déjà le prince charmant rêvé, mais son choix se reporte
vite sur Alan, figurant, qu'il se reproche de n'avoir pas su draguer à l'Opéra.
François ou Alan ; Alan ou François ; aucun, ou les deux ? Jean-Marc
n'est pas un romantique, et s'il manque dix fois renoncer et rentrer chez lui en
boitant (il s'est cassé la figure sur la glace au début de son périple, en
courant après François), son instinct le pousse à aller jusqu'au bout de cette
nuit et de son désir. Alors, le perdra, ou le perdra pas, tabarnak, ce pucelage
?
La nuit
des princes charmants réussit le tour de force de raconter en une seule nuit
l'odyssée héroï-comique d'un adolescent travaillé par l'impérieuse nécessité de
perdre sa virginité.
C'est désarmant de charme, de simplicité, d'humour,
de romantisme cette quête initiatique québécoise.
Un
beau roman.
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