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Comment
j'ai vidé la maison de mes parents
de Lydia
FLEM (éditions Seuil)
Laissons l'auteur, psychanalyste, commencer son livre
avec une certaine distance liée à sa profession avant de se livrer davantage sur
elle-même et sa propre expérience du deuil.
Hériter de ses parents n'est pas chose aisée, vider la maison
encore moins. Quel choix pour chaque objet ? Garder, offrir, vendre ou jeter
? L'auteur reproche
à ses parents de n'avoir pas su décider de leur vivant que faire de leur
patrimoine. Elle a l'impression de violer leur intimité en fouillant leurs
affaires, en lisant leurs lettres, en découvrant des secrets. Une famille
revenue de déportation ou ayant péri dans les chambres à gaz. Des parents qui
ont voulu oublier tout ça, ne pas en parler mais penser à l'avenir.
Un texte simple, beau, bien écrit, sensible et touchant qui
nous renvoie immanquablement à cet épisode difficile qu'est la perte de nos
parents.
Extrait :
"Chacun de nous, et pas seulement en rêve, tue son parent et
même ses deux parents, puisqu'il leur survit. Révoltant, mais dans le cours des
choses: ceux qui nous ont vu naître, nous les voyons mourir, et ceux que nous
mettons au monde nous enterreront. Nous n'avons pas connu l'enfance et la
jeunesse de nos parents, ils ne connaîtront pas celles de nos enfants. Nous
naissons dans notre famille d'origine, mourrons dans celle que nous avons créée.
Alors, oui, lorsque, à notre tour, nous montons sur le trône, c'est que nous
sommes devenus des survivants. Survivre à ses enfants est intolérable. Survivre
à ses parents, naturel et néanmoins malaisé."
"Ma
mère avait donc pris le soin extrême d'anticiper
ma découverte future. Elle savait que j'aurais à faire ce travail éprouvant,
nostalgique, déchirant, de choisir ce qu'il fallait garder ou pas dans la maison
familiale. Comme si elle s'adressait à moi, post mortem, pour me dire :
attention, ceci est précieux, conserve-le ou rejette-le en sachant l'origine de
cet objet."
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