Oh ! EAU, EAUX
 
 
Les Dieux ont des humeurs et leurs scènes de ménage
Finissent aussi en pleurs lorsque gronde l'orage.
Parfois petit crachin, parfois je suis averse
Qu'importe la façon dont le ciel me déverse
Les femmes mécontentes inquiètes pour leurs cheveux
Me maudissent silencieuses en roulant de gros yeux
Les vieux disent que l'eau ne les a pas surpris
Une douleur dans les reins les avait avertis
Seuls les enfants heureux de se laisser tremper
S'amusent dans mes flaques en sautant des deux pieds.
Mais ce que je préfère c'est courir dans les champs
Aider les jeunes plants à devenir des grands.
Après j'aimerais bien devenir filet d'eau
Parcourir la contrée chevauchant un ruisseau
Me faufiler à l'ombre de la haute fougère
Donner de la couleur à la mauve bruyère.
Sinuant dans les herbes, dispersant mon eau douce
Entre talus et landes de vie je serais source.
La fauvette, le héron, l'aigrette, le cormoran
A l'abri d'un pleureur boiraient à mon étang.
Mais las de cette douceur me gagnerait l'envie
D'être saumâtre au moins une fois dans ma vie
Rejoindre la rivière deviendrait un caprice.
Lors coulant sous les arches du pont de Saint Maurice
Je demeurais sans voix devant ce si beau site
Changeant à la marée tous les jours comme un rite.
La lumière du soleil nuait sur tous les tons
Avec les verts des bois et le jaune de l'ajonc.
Un léger voile de brume flottait sur la rivière
On l'aurait cru sortie d'une toile de Turner.
Chantant dans les méandres, eau vive de la Laïta
Je n'étais pas peu fière de me retrouver là
On prétend qu'à Kerbrest est magnifique la vue
De notre défilé dans l'anse du Pouldu.
J'eus des larmes de sel en passant l'estuaire
Le but était atteint : me baigner dans la mer
Je surfai sur une vague direction le rivage
Devant le fort du Loch j'échouai sur la plage.
 
 
 
 
 
 
 
retour accueil                                               retour poésie perso