Le songe de Scipion
 
de Iain PEARS
 
 
 
 Trois hommes, trois époques, trois histoires s'entrecroisent.
 
 Nous sommes en Provence, à trois époques décisives de l'histoire.  Trois destins d'hommes sont liés par un texte et l'amour absolu pour une femme d'exception :
  La copie d'un manuscrit de Manlius Hippomanes, évêque romain vivant au 4e siècle, écrite par Olivier de Noyen, poète moyenageux vivant, lui, au temps de la peste noire, est retrouvée par Julien Barneuve, historien vivant pendant la deuxième guerre mondiale, c'est la période de l'occupation et du gouvernement de Vichy.
 
  Autour de ce texte antique mais aussi autour de l'amitié et de la force du sentiment amoureux, Iain PEARS tisse une brillante trame narrative, entrelaçant intimement le destin des trois hommes.
  A travers eux se posent les questions qui hantent notre monde en temps de crise profonde, et retrouvent aujourd'hui une cruelle résonance :
  Où réside la vertu quand menace la barbarie ? Comment réagir quand le monde s'écroule autour de nous? Que sommes-nous prêt à sacrifier?  Faut-il prendre un engagement ou rester dans la neutralité ? Jusqu'où aller pour le futur parce que l'histoire se répète ainsi que les guerres et la désolation. Qu'est-ce que la civilisation.
 
  Comme une chronique historique, les trois histoires s'entremêlent habilement, avec toujours, l'idée de cette civilisation fragile au bord du gouffre.
 
 Le thème philosophique de ce roman très riche donne énormément de matière à réflexion pour ceux qui s'interrogent.
 
 Roman éloquent sur la barbarie de l'homme, la cupidité, l'ineptie et la folie du pouvoir, ce livre de Iain Pears est un de ces livres qui inspirent le respect, la réflexion et l'humilité.
  On en sort grandi.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Extraits :
 
  Quelles que soient les croyances des habitants du voisinage, le sanctuaire de sainte Sophia a des origines plus modestes. Julien le devina dès qu'il remarqua la similitude de noms entre la sainte et le mentor féminin du manuscrit de Manlius. Ce fut en effet là que Sophia passa les dernières années de sa vie, mais pas du tout en évangélisatrice chrétienne.
  Après l'avoir arrachée à Marseille, ville qui devenait trop dangereuse, Manlius Hippomanes l'installa en ce lieu. Sans son soutien, l'avenir de Sophia eût été fort lugubre. Sa famille n'avait jamais été très fortunée et elle ne touchait comme revenus que les loyers de quelques maisons, boutiques et autres lopins de terre dans l'arrière-pays, mais tout cela ne rapportait plus grand-chose. La population diminuait, le commerce se tarissait et les locations se faisaient extrêmement rares. Seul le montant de l'impôt ne changeait pas.
 
 
   Au fil des ans, Olivier obtint une quarantaine de manuscrits originaux. Il acheta la plupart de ces textes soit en espèces, soit avec des promesses de faveurs ou d'interventions. Il en vola quatre parce qu'on les négligeait, qu'ils étaient en danger ou qu'il trouva antipathiques leurs soi-disant protecteurs. A son avis, il aurait pu en subtiliser beaucoup d'autres. En tout cas personne ne remarqua ces vols.
  Le songe de Scipion, le testament philosophique de Manlius, fut l'un des manuscrits qu'il recopia lui-même avec ardeur, s'abstenant de glisser l'original dans son sac uniquement parce que le vieux moine qui le lui laissa voir était très gentil, et d'une façon étrange, fort respectueux de ces manuscrits qu'il n'avait jamais pris la peine de lire lui-même.
 
 
  La peste atteignit Avignon le mois suivant, au début de mars, à une période de l'année où même près de la Méditerranée il n'y a guère de quoi se réjouir. Des mois de vent ont déjà sapé la vitalité des habitants, fatiguant leur corps et avachissant leur âme. L'origine du fléau se trouvait très probablement à Marseille : un marin, un prêtre ou un colporteur à bord d'un bateau avait apporté la maladie puis avait gagné l'intérieur du pays par voie fluviale pour présenter une pétition à la curie, vendre ses marchandises au marché ou simplement rejoindre sa famille. Aucun lieu n'était à l'abri.
 
 
  Julien ne sut pas exactement combien de loi il enfreignit pendant les cinq jours qui suivirent. Un bon nombre, sans aucun doute. Il n'en tirait aucun plaisir, mais il n'avait pas peur non plus. Il ne pensa même pas qu'il pouvait exister une autre solution. Seule la sécurité de Julia compait pour lui. Cela correspondait aussi à un étrange changement d'attitude de sa part, puisque jusqu'alors il n'avait jamais
marché sur le gazon d'un jardin public.. Durant toute cette période, la plupart des gens arrêtés et envoyés dans des camps le furent parce qu'ils n'avaient pas osé enfreindre des lois qu'ils savaient cruelles, tout en étant conscients qu'y obéir causerait leur propre malheur. Il n'était pas facile de rompre avec l'habitude de respecter la loi et l'ordre. Mais une fois celle-ci rompue on avait du mal à la réparer.
 
 
 
 
 
Iain  PEARS
 
 
    Né en 1955 en Angleterre, Iain Pears vit à Oxford.
   Docteur en philosophie et historien d'art, il a travaillé pour l'agence Reuter jusqu'en 1990.
   Conseiller de la BBC et de Channel 4 pour plusieurs émissions consacrées à l'art, il est l'auteur de nombreux écrits sur ce sujet. Il a signé une série de romans policiers se déroulant dans le monde de l'art, dont "L'Affaire Raphaël", qui compte aujourd'hui six titres, dont le dernier, "L'Énigme San Giovanni", paru en 2004.

   Il s'est aussi imposé sur la scène littéraire mondiale avec "Le Cercle de la Croix", en 1998, puis "Le Songe de Scipion", en 2002.
 
 
 
 
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