| |
L'ENNEMI
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux
orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la
pluie ont fait un tel ravage, Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits
vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et
qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres
inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des
tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je
rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur
?
Ô douleur ! Ô douleur ! Le temps mange la
vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie
!
Baudelaire
retour accueil
poésie
retour accueil
| |
| |
|