|
LE DORMEUR DU VAL
C'est un trou de verdure où
chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ;
où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val
qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte,
tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; Il est
étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il
dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme
: Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner
sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté
droit
RIMBAUD
1870
| | | |
| |
|